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Comprendre les fragilités

Pourquoi la campagne de vaccination contre le covid-19 peine à démarrer ?

Auteur Raphaëlle Murignieux

Temps de lecture 3 min

Date de publication 04/01/2021

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Alors que la campagne de vaccination contre le covid-19 a officiellement débité le 27 décembre, seules quelques centaines de Français ont été vaccinés jusqu’à présent. Un chiffre très bas, qui suscite la colère, mais qui était pourtant en partie prévisible. Explications.

Ce lundi 4 janvier, le président de la région Grand Est Jean Rottner qualifiait sur France 2 le retard pris par la campagne de vaccination de « scandale d’Etat ».

Sur son blog, le scientifique Axel Kahn écrit quant à lui que la campagne est un « désastre ».

516 Français auraient en effet été vaccinés au 1er janvier, contre un million de Britanniques et 4,2 millions de personnes au Etats-Unis.

Un protocole strict

Les causes de ce démarrage plus que laborieux ? Pour le Pr Axel Kahn, avant tout « la lourdeur administrative et la rigidité procédurale des corps de l’État, notamment dans le domaine sanitaire ».

Le protocole proposé par la Haute autorité de santé et appliqué par le ministère de la Santé ne prend selon lui pas en compte les réalités du terrain et ne s’inscrit pas dans une « vision dynamique de santé publique ».

Concrètement, les Ehpad et unités de soins de longue durée, prioritaires pour la première phase de la campagne, doivent tout d’abord informer les résidents et leurs familles, ainsi que l’ensemble du personnel.

Ensuite, une consultation pré-vaccinale doit être organisée pour chaque résident afin d’identifier d’éventuelles contre-indications et d’apporter des informations complémentaires si nécessaire. Une consultation qui doit être réalisée en priorité par le médecin traitant en présentiel : il doit donc se rendre dans l’établissement.

Cette consultation a aussi pour but de recueillir le consentement de la personne concernée, ou l’avis de sa personne de confiance ou d’un proche si elle n’est pas capacité d’exprimer un consentement livre et éclairé.

Bien sûr, la personne à vacciner peut aussi demander un délai de réflexion.

L’établissement commande ensuite le nombre de doses nécessaires au regard du nombre de candidats à la vaccination, puisqu’une fois décongelées, elles ne peuvent être conservées que 5 jours.

Une procédure longue et complexe qui conduisait en décembre les représentants des Ehpad à miser sur un démarrage de la campagne après la mi-janvier.

Logistique en rodage

Ce prévisible retard à l’allumage se double de problèmes logistiques. Chez Pfizer d’une part, puisque depuis fin décembre le fabricant du vaccin annonce des difficultés de livraison qui affectent l’Europe.

Par ailleurs, les conditions de stockage du vaccin, à – 80 °C dans les fameux « super congélateurs » complique un peu plus la tâche.

Aussi, ce sont seulement 300 Ehpad et USLD, sur les 10 000 établissements français, qui pourront être livrés d’ici à mi-janvier, selon BFM TV.

La France, championne des antivax

Au-delà des contraintes liées au protocole et à l’organisation logistique, la France souffre d’un autre frein à la vaccination. L’Hexagone compterait en effet la plus grande proportion d’habitants hostiles à la vaccination contre le covid-19.

Selon un sondage réalisé en décembre par Ipsos Global Advisor, seuls 4 Français sur 10 seraient prêts à se faire vacciner contre le covid-19, contre 62 % en Italie ou l'Espagne et 65 % en Allemagne.

Sans oublier les 14 % de Français contre la vaccination en général.

Une défiance amplifiée par la rapidité avec laquelle les vaccins contre la covid-19 ont été élaborés. Rapidité qui s’explique pourtant.

D’abord par le fait que les chercheurs étudient la famille des coronavirus, dont fait partie le Sars-Cov-2 depuis des années, mais aussi par la mobilisation internationale face à la pandémie des équipes de recherche, le grand nombre de personnes infectées (et donc de volontaires pour participer aux différents effets cliniques), ainsi que l’accélération des procédures administratives face à l’urgence.

Olivier Véran accélère le pas

Confronté à ces mauvais résultats, et à la colère très médiatisée du président de la République dimanche, le ministre de la Santé Olivier Véran a annoncé vouloir accélérer la cadence et ouvrir dès aujourd’hui la vaccination à tous les professionnels de santé de plus de 50 ans.

Le ministre, qui y était initialement opposé, a aussi prévu l’ouverture de près de 100 centres de vaccination en France pour faciliter l’accès au vaccin.

En attendant, peut-être, d'autres annonces suite à la réunion de travail sur la stratégie vaccinale qui s'est tenu le lundi 4 janvier au matin.

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