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Trouver son lieu de vie

Referme doucement - Lettre à une aide-soignante (anonyme)

Auteur Rédaction

Temps de lecture 2 min

Date de publication 22/04/2024

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Lettres d’anciens jeunes à de futurs vieux

Même très vieux, on a une opinion sur la marche et l’évolution du monde, même vieux, on peut rester en prise avec son temps, même vieux, on reste en position de donner, de recevoir et d’affirmer. Pour preuves, ces lettres – authentiques – « d’anciens jeunes à de futurs vieux », qu’agevillage republiera au fil des mois. Cette semaine, c'est une femme, anonyme, qui adresse une lettre à une aide-soignante.

Lettre à une aide-soignante.

C’est à toi, aide-soignante, que je choisis d’adresser ce message. Pardonne ce tutoiement que j’ai souhaité utiliser, mais comprends qu’en d’autres temps, tu aurais pu être ma petite-fille, ou mon petit-fils, et ce dont je voudrais te parler me paraît tellement important.

Car il s’agit bien d’amour.

Non, ne dis rien, ne pense rien, écoute simplement.

Mon compagnon est décédé depuis très longtemps, te semble-t-il, mais moi, il me semble que c’était hier.

La solitude est pesante, et malgré les bons soins que tes collègues et toi me prodiguent, malgré l’affection de mes enfants, je me sens très seule et je pense.

Je pense qu’aimer à nouveau serait une très belle chose, parce qu’aimer est normal. Ne pas finir sa vie dans la solitude, mais dans l’accomplissement d’un sentiment d’échange, d’une amitié particulière et avancer encre un peu la main dans la main.

Je ne sais ce que penseraient mes enfants, mais il me semble que je ferai, contrairement à mon voisin de chambre que tu connais bien, ce qu’il me plaira. Cela n’entacherait en rien ce que j’ai vécu avec mon cher compagnon qui me manque tant.

Je pense que cet amour tardif, en réalité, suscite des envies parce qu’il procure le sentiment de vivre, parce qu’il rend à celui qui le vit une identité et l’aide à s’accomplir à nouveau, parce que, tout simplement, chacun d’entre nous aimerait le vivre à son tour. Je n’imaginais pas, en entrant en institution, que pourrait s’offrir à moi une amitié sincère, et peut-être ne suis-je pas seule à penser cela et connais-tu d’autres personnes âgées ayant rencontré cet amour envié à 20 ans et décrié à 80 ans.

Voilà ce que je souhaitais te dire. Garde en toi ceci, et si un jour, lors de tes visites, en entrouvrant une porte, tu vois deux personnes ensemble, referme doucement, souris et poursuis ton chemin.

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