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Comprendre les fragilités

Transformer une plainte individuelle en plainte politique ? Chiche Didier Eribon !

Auteur Annie De Vivie

Temps de lecture 2 min

Date de publication 15/05/2023

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Après plusieurs ouvrages dénonçant les conditions de vie des plus âgés jusque dans les Ehpad, voici que le philosophe et sociologue Didier Eribon prend la plume pour témoigner de la Vie, vieillesse et mort d'une femme du peuple, en l'occurrence sa mère.

Il décrit avec talent les violences subies par les personnes qui avancent en âge au point qu'elles en arrivent à se laisser mourir. Il dépeint sans s'épargner les hontes et culpabilités engendrées par les manques actuels. En tant que proche aidant, il a lui-même eu du mal à prendre conscience des risques de syndrome de glissement quand plus rien ne vous donne encore envie de vivre.

Didier Eribon veut transformer la plainte individuelle de sa mère qui a hurlé contre la maltraitance qu'elle subissait, en plainte politique.

Chiche !

Inventons vraiment une société pour tous les âges où l'on pourra vivre et vieillir debout jusqu'au bout, partout sur les territoires.

Elle existe déjà, mais de manière expérimentale, parcellaire. Elle tarde à être développée, pérennisée, reconnue.

Comme le relayage à domicile qui en est toujours au stade de l'expérimentation malgré ses bons résultats.

Comme ces résidences autonomie remises au goût du jour pour développer une offre d'habitats collectifs destinée aux personnes âgées à l'autonomie fonctionnelle suffisante pour vivre de manière indépendante dans leur appartement tout en bénéficiant de services collectifs. Découvrez cette semaine un témoignage cru et émouvant sur cette offre d'habitats en bande dessinée.

Développons aussi des services de prévention santé pour limiter les pathologies comme le cancer de la vessie cette semaine.

Développons des sources d'information, de partage, de témoignages sur l'avancée en âge debout comme ces podcasts stimulants.

Oui, sortons de la plainte individuelle, vite oubliée pour la porter sur le champ politique.

Cela va demander des prises de conscience, des changements de paradigme (face à notre âgisme) et des arbitrages, des financements en mode investissements.

Des investissements rentables au regard des coûts de la non qualité aujourd'hui : des coûts sur la qualité de vie des vieilles personnes (nous demain), des coûts liés aux risques de maltraitances, aux surconsommations (médicaments, hospitalisations, dénutrition), aux situations de soins qui font fuir les professionnels alors qu'il est possible de prendre soin autrement.

Didier Eribon pointe l'immoralité de notre République dans l'accompagnement du grand âge, dans l'approche "par les coûts". Il dénonce pour sensibiliser, donner à voir, à entendre.

Il n'énonce pas de pistes de réponses.

Parmi celles-ci, il ne semble pas connaître ces villes et territoires labellisés "Amis des aînés", qui vise à répondre à cet enjeu d'une société pour tous les âges, comme Saint-Sébastien-sur-Loire, et sa halte-répit imaginée par d'anciennes aides à domicile, qui offre des temps conviviaux aux aidés et du temps pour souffler à leurs aidants.

Il ne connaît pas ces Ehpad labellisés Humanitude, gage de bientraitance, qui répondent aux critères exigeants de lieux de vie-lieux d'envies, y compris pour les personnes atteintes de maladies complexes aux troubles sévères du comportement.

Ces expériences montrent qu'il est possible de vivre et vieillir debout.

Ces pionniers, ces militants comptent sur vous, monsieur Eribon, pour transformer cette plainte individuelle en projet politique.
Vous pouvez compter sur eux.

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