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Connaître vos droits

« Tu crois qu’il a le droit ? » : Régis de Pompignan invite à réaliser ses rêves à tout âge

Auteur Annie De Vivie

Temps de lecture 3 min

Date de publication 11/09/2023

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La Fondation Casip Cojasor organisait le 7 septembre au Sénat le colloque "L'âgisme : quelles réponses collectives face à la mise au ban des vieux ?" L'occasion pour Alain Koskas de la Fiapa (fédération internationale des associations de personnes âgées) de rappeler qu'un citoyen sur deux était concerné par cette discrimination liée à l'âge : en tant que victime, en proférant des propos âgistes. Pour lutter contre l'âgisme, des initiatives sont prises dès l'école où les plus jeunes ont déjà intégré des stéréotypes délétères sur l'avancée en âge. "Tu crois qu'il a le droit ?" de partir marcher 80 jours à 80 ans, a demandé un jeune garçon en rencontrant Régis de Pompignan, bénévole et membre des Petits Frères des Pauvres, parti sur les routes. "Luttons déjà contre notre propre âgisme" suggère Pascal Champvert de l'AD-PA (Association des directeurs au service des personnes âgées) qui prône le "Respect'Age".

A quel âge a‑t-on le droit de… ? A quel âge n’a-t-on plus le droit de ? En Ehpad, a‑t-on le droit de… ?

La discrimination liée à l'âge a des effets délétères sur la santé, l'accès au soin, rappelle la médecin gériatre Sophie Moulias. Les plus âgés sont vus comme incapables, comme des coûts. Les proches, les professionnels tombent souvent dans les excès comme la surprotection ou l'abandon de soin. Ils ont tendance à choisir des stratégies qui privilégient la qualité de vie plutôt que la quantité de vie.

"Pourquoi ?", questionne le docteur Moulias. "Certaines personnes aimeraient rester un petit peu… Tel le paradoxe du handicap qui semble terrible aux yeux des personnes valides, mais les personnes concernées, qu'en pensent-elles ?"

Elles sont nombreuses à se donner le droit de mener des projets, de rêver... comme Régis de Pompignan, bénévole et membre du conseil d’administration des Petits Frères des Pauvres, s’est lancé un défi de taille pour fêter ses 80 ans : se lancer dans un périple de 80 jours à travers la France afin de sensibiliser sur le fléau de l’isolement de nos aînés et changer le regard sur la vieillesse. Il s'est préparé, entraîné et au cours de ses 80 étapes le long des 1400 km, il a entendu un jeune enfant demander à sa mère "Tu crois qu'il a le droit ?", titre de l'ouvrage qui retrace son expérience.

L'âgisme est une discrimination qui touche les droits des citoyens âgés, rappelle Alain Koskas. La Fiapa apporte ainsi sa contribution au comité d'entente Avancée en âge du Défenseur des droits. La fédération a aussi apporté son soutien à la proposition de loi pour lutter contre l’âgisme déposée en 2021 par la députée LREM de Loire-Atlantique Audrey Dufeu.

Lutter contre son propre âgisme

"Qui a peur de son propre vieillissement ? Demandez-vous alors si vous êtes âgiste ? Vous serez surpris", suggère Pascal Champvert de l'AD-PA.

Si l’avenir du groupe humain ce sont les plus jeunes de ses membres, l’avenir de chaque membre du groupe c’est vieillir, c’est devenir vieux. Se rendre compte de cette discrimination (au même titre que le sexisme, le racisme, l'homophobie...) permet d'en sortir, de changer notre regard sur l'âge, sur nous demain.

"Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde !", disait Gandhi. Aussi, en intégrant que nous allons tous vieillir, nous pourrons mieux faire pression sur les pouvoirs publics pour faire évoluer les politiques vieillesse, l'aide à l'autonomie, au respect des droits jusqu'au bout de la vie.

Et cette vision d'une vie longue, citoyenne jusqu'au bout, jusqu'à la mort (encore taboue) sera portée par tous, et ce dès l'école.

"Je reste un optimiste actif parce que j'ai foi dans nos démocraties où d'année en année, force est de constater que les discriminations ont reculé", conclut Pascal Champvert.

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