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Bien vieillir (prendre soin de soi)

840 000 manifestants ... pour la cause des vieux ?

Auteur Rédaction

Temps de lecture 4 min

Date de publication 14/01/2013

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Edito annie de vivieLa manifestation de ce dimanche contre le mariage homosexuel montre que de nombreux français savent se mobiliser pour défendre des principes, des valeurs et des droits. Ils étaient 840 000 dans les rues de Paris pour défendre leur vision de la famille.

Combien se mobiliseraient pour défendre la place des plus âgés et des plus fragiles dans notre société ?

La révolution de la longévité, la multiplication des familles à cinq générations n'auraient-elles pas d'impact sur notre fonctionnement familial et social ?

La place des plus âgés d'entre nous n'a pas été sérieusement réfléchie, quand deux octogénaires sur dix cumulent des maladies et handicaps qui les empêchent de vivre seuls. Qui défend ces citoyens âgés particulièrement vulnérables ? Qui défend cette vieille dame sommée de retourner chez elle pour défaut de paiement de sa maison de retraite (certainement pas ses proches dans le cas présent) ? Les solutions de recours sont mal connues et font défaut.

Le prendre soin de ceux qui ne vont pas bien repose essentiellement sur les proches et la famille. On n'a pas affaire à des patients, mais à des personnes qui relèvent de l'aide sociale. En 1945, quand la Sécurité Sociale a été créée, l'aide aux personnes handicapées, quel que soit leur âge, a été mise du côté de l'aide sociale et familiale. Un nouveau risque était possible pour compenser de nouveaux besoins. Il est attendu !

Les associations d'aidants, de familles, de malades (Alzheimer, Parkinson), tout comme les professionnels du médico-social alertent depuis des années : le système est à bout.

Malgré les efforts entrepris depuis 10 ans, depuis la canicule, il manque de réponses structurées et coordonnées pour évaluer les situations, définir les plan d'aides et orchestrer le prendre soin au quotidien.
Malgré les milliards d'euros mobilisés pour l'APA (Allocation personnalisée d'autonomie), les aides au logement, les soins tant à domicile qu'en établissement... le reste à charge pour les personnes concernées et leurs proches pèse de plus en plus lourd (1000 euros par mois sur 8 ans selon France Alzheimer).

Solvabiliser les maisons de retraite, les services à domicile pour quelques heures par jour, est très difficile avec les retraites disponibles. Le patrimoine doit-il obligatoirement être amputé quand on est malade et non quand on est en bonne santé ? L'obligation alimentaire pèse lourd sur les familles. La question de l'égalité des droits de chaque citoyen (âgé et ses proches) est posée.

Malgré l'argent mobilisé, notre pays manque de professionnels (notamment soignants), formés, compétents. Leur travail - notamment celui de l'aide à domicile - est injustement dévalorisé.
Malgré les investissements, notre pays propose peu d'actions de prévention structurées, de filières gérontologiques identifiées, de réponses ouvertes sur des approches dynamisantes (nouvelles technologies de la communication, approches non-médicamenteuses...).

La loi du silence pèse lourd :
- sur le peu d'égard que l'on porte aux vieilles personnes, sur les regards condescendants, sur les négligences voire les maltraitances quand la vulnérabilité s'accroit.
- sur le manque de places accessibles financièrement, au point que personne n'ose plus se plaindre de services défaillants de peur de perdre sa place.
- sur la culpabilité des uns et des autres : de ne pas pouvoir faire mieux et plus pour les personnes âgées vulnérables.
- sur les écarts manifestes entre les valeurs affichées (charte de la personne accueillie par exemple), les recommandations des différents organismes (ANESM) et les valeurs produites au quotidien. Le manque de moyens n'explique pas tout.
- sur ces services qui naissent et disparaissent au gré des politiques comme les centres locaux d'information et de coordination (CLIC) nationaux, puis décentralisés, qui disparaissent ou sont débaptisés ici et là.
- sur les injonctions contradictoires des autorités de tutelles : qualité sans professionnels supplémentaires, sécurité versus liberté. Peu de voix s'élèvent contre "les primes à la grabatisation".

La prise de conscience n'a pas vraiment eu lieu.
Les acteurs publics ne veulent surtout "pas de vague". Chaque strate du système est poussée à faire de son mieux (accompagner encore plus de personnes fragilisées, malades) avec des moyens constants ou en régression.

On rêve du jour où 840 000 personnes de tous âges, familles, proches, professionnels descendront dans la rue, bloqueront des services clés (Cf. les axes routiers par les taxis cette semaine) pour secouer la place, l'image, le regard portés sur les plus âgés.
Et si 840 000 personnes rappelaient que si 8 octogénaires sur 10 vont bien, pourquoi ne pas savoir prendre soin des autres ?
Et si 840 000 personnes expliquaient d'une seule voix que le système est à bout de souffle alors que nous allons TOUS avancer en âge.
Et si 840 000 personnes hurlaient leur volonté de lever la loi du silence sur les aberrations du système, sa fragmentation extrême, les maltraitances quotidiennes...
Et si 840 000 personnes poussaient les médias à programmer des émissions, des documentaires, des débats pour expliquer plus en profondeur les tenants et les aboutissants de cette situation, les réponses possibles, les réussites quotidiennes.

Quelques slogans pour la manif' ?
"Touche pas à mon pote âgé"
ou "Roulez Vieillesse" (cher aux artistes de Théâtre Eprouvette), "Vieux, malade et citoyen", "Les panthères grises sortent leurs griffes", "Zéro soin de force sans abandon de soin", "Vieillesse-jeunesse même combat !", "Vivre heureux malgré la maladie d'Alzheimer", "Vous avez dit "légumes", quel image avez-vous de vous-même ?!", "Non, la vieillesse ce n'est pas un défaut !" etc.

I have a dream disait Martin Luther King.
J'ai fait ce rêve que 840 000 personnes nous contactent et travaillent à cette prise de conscience, positive, dynamique et énergique !

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