Entre le domicile et l’Ehpad, où vivre quand on vieillit ?

Le 2 octobre, make.org lançait une nouvelle consultation portant sur les personnes âgées.

Après s’être intéressée aux façons de mieux prendre soin des âgés en 2018-2019, puis à la place des aînés dans la société en 2020-2021, l’association a cette fois demandé aux citoyens et aux organisations de formuler des propositions pour améliorer la qualité de vie des seniors.

Les résultats de cette consultation, qui a rassemblé 357 612 participants pour 3654 propositions et plus de 700 000 votes, montrent que le logement, le lieu de vie constitue un enjeu clef du vieillissement.

En effet, 18 % des propositions portaient sur l’habitat et les structures d’accueil, et ces thématiques comptaient pour 25 % des propositions les plus plébiscitées… ou controversées.

Pour résumer, le sujet préoccupe, fait réagir, à commencer par les premiers concernés puisque 51 % des participants étaient âgés de 65 ans ou plus.

Et leur demande principale : que soient créées « des résidences alternatives aux Ehpad ».

Chris, par exemple, dit qu’il « faut créer des structures d’accueil innovantes, plus humaines, plus petites pour remplacer les Ehpad qui sont de véritables mouroirs » (89 % de votes pour). Selon Valérie, « il faut mettre en place des habitations qui permettent d’accueillir plusieurs seniors seuls. Chacun chez soi et des pièces communes » (84 % de pour).

De bonnes idées… qui existent déjà, y compris pour les personnes souffrant de troubles cognitifs. La Fondation Médéric Alzheimer a ainsi publié la semaine dernière une étude sur les colocations Alzheimer.

« Une colocation Alzheimer est un logement accueillant une petite dizaine de personnes (généralement entre 7 et 10) vivant avec la maladie d’Alzheimer ou ayant des syndromes apparentés. Les habitants sont accompagnés par des auxiliaires de vie 24h/24. Le logement est semblable à un domicile ordinaire dans son architecture. Il est composé d’espaces communs (salon, cuisine, salle à manger, salle de bain, jardin, etc.) ainsi que de pièces privées (les chambres de chaque habitant) », précise le rapport.

Une solution qui offre aux habitants une vie quotidienne la plus « normale » possible, de nouveaux liens et, in fine, leur procure du bien-être, conclut l’étude.

Le Crédoc s’est lui aussi penché récemment sur l’offre de lieux de vie alternatifs, et il ressort là aussi que ces formes d’habitat sont méconnues, en dehors des résidences services seniors, privées.

Les Français connaissent mal les résidences autonomie, les Marpa et les habitats inclusifs, comme les béguinages ou les habitats intergénérationnels, qui séduisent pourtant par leurs « valeurs de solidarité ».

« L’alternatif à l’institutionnalisation est attractif par l’indépendance qu’il propose, la vie sociale qu’il facilite et la sécurisation qu’il garantit, même si cet argument semble moins parler aux plus âgés », conclut le Crédoc.

Dans son enquête menée en 2022-2023 sur le cadre de vie des âgés, l’association Old’Up arrive aux mêmes conclusions. La cohabitation intergénérationnelle est perçue par la majorité des personnes interrogées comme « risquée » - seuls 15 % des répondants sont partants, idem pour la colocation entre personnes âgées, et la résidence autonomie peine elle aussi à séduire.

Les habitats alternatifs sont un peu plus attrayants : un peu plus du quart des enquêtés iraient « volontiers y vivre ».

Le domicile historique reste donc la seule solution valable pour une très grande majorité.

Sources

• Consulter les résultats de la consultation Make.org Comment améliorer la qualité de vie des seniors dans notre société ?
• Lire le rapport Vivre dans une colocation Alzheimer : toute une communauté pour prendre soin, de la Fondation Médéric Alzheimer
• Lire les résultats de l’enquête Avancée en âge et parcours résidentiel : représentations et connaissances de l'offre alternative d'habitat du Crédoc
• Lire les résultats de l’enquête Quel cadre de vie pour nos vieux jours ? d’Old’Up