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Habitats solidaires : du béguinage aux colocations Alzheimer

Auteur Annie De Vivie

Temps de lecture 3 min

Date de publication 13/11/2023

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Habiter chez soi mais avec d'autres : cette idée avance à tous les âges, y compris pour des personnes atteintes de maladies neuro-cognitives. Parce que les Ehpad continuent de faire peur, des habitats collectifs, inventés, partagés voient le jour au point que les pouvoirs publics ont demandé l'éclairage d'experts comme Denis Piveteau et Wolfrom, auteurs d'un rapport en 2020. Ces travaux aboutissent à la possible mise en commun d'aides individuelles (Apa) jusqu'à une aide publique à la vie partagée (AVP). Car animer, accompagner la vie de ces habitats collectifs demande du professionnalisme. Reste que cette envie d'habitats solidaires se prépare, longtemps à l'avance, qu'elle demande un engagement solidaire certain, jusqu'à prévoir la sortie s'ils s'avèrent dépasser. Marie de Hennezel et Tristan Robet s'y engagent et ils ne sont pas seuls.

Beguinages solidaires

Dans le livre Vieillir solidaires. Chez soi mais avec les autres : l'âge en partage, chez Robert Laffont/Versilio, Marie de Hennezel et Tristan Robet racontent l'expérience de béguinages solidaires lancés en 2012.

A l'instar des pionniers comme les Babayagas à Montreuil, il reste compliqué de lancer des projets d'habitats collectifs et solidaires qui ne "rentrent dans les cases" dans notre pays réglementé. En France, soit vous habitez dans un logement (en tant que locataire ou propriétaire) soit vous êtes hébergé dans une résidence (autonomie ou service senior), dans une famille d'accueil ou établissement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) dont l'image reste très dégradée malgré des initiatives comme le label Humanitude cité page 40 du livre.

Des habitats inclusifs, partagés, accompagnés… c'est encore nouveau.

Ils demandent beaucoup de préparation en amont :

- recherche de financements : mobiliser les foncières, les bailleurs, les pouvoirs publics (départements), répondre aux AMI (appels à manifestation d'intérêt)... Béguinage Solidaire a ainsi créé sa propre foncière agréée entreprise solidaire d'utilité sociale (Esus)
- recherche de modèles économique avec le loyer, les aides à la vie quotidienne (via les services d'aides et de soin), la domotique, la téléassistance, les repas en collectif ou non, les activités…
- recherche de futurs habitants engagés en capacité de financer leur habitat avec les aides associées : Apa aide à la vie partagée (AVP), aide au logement aussi si possible.

Le projet demande beaucoup d'engagement une fois entré dans l'habitat
: importance d'une charte de vie commune, de régulations, de suivis des charges en cas de décès, hospitalisations… Les bénévoles sont précieux : comme visiteurs de courtoisie, acteurs de l'aide, pour des divertissements, du réconfort aussi, souligne Tristan Robet page 141. L'enjeu est d'aider à bien vieillir jusqu'au bout.

Malgré tout, Béguinage Solidaire se déploie : à Luçon en Vendée lancé en 2020, à Valognes, des premiers contacts émergent à Strasbourg, Arles, Falaise, Mezos dans les Landes, en Île-de-France...

Marie de Hennezel et Tristan Robet seront au Contre-salon des vieux ces 17, 18 et 19 novembre à Paris pour partager autour de leurs projets d'habitats solidaires avec le Cnav, Collectif autoproclamé de la vieillesse, qui veut que "rien ne soit fait pour les vieux sans les vieux" (NDLR : Agevillage y sera aussi présent. Annie de Vivie animera un atelier sur l'Ehpad de demain à 17h ce 17 novembre).

Colocation Alzheimer en Alsace avec Familles Solidaires

Agevillage avait visité en mars 2022 la colocation Alzheimer portée par le groupe associatif Familles Solidaires à Zillisheim (68). Ce 9 novembre à Paris, sa directrice Bernadette Paul-Cornu dressait un premier bilan lors des Cafés Afterwork de la Fondation Médéric Alzheimer.

Il faut financer 33 heures d'aides quotidiennes pour huit habitants, constate-t-elle. "Nous avons dû créer notre propre service d'aide à domicile pour assurer cette présence, cette constance, cette cohérence."
A ces aides s'ajoutent les passages des infirmiers (matin, midi, soir pour les médicaments notamment) et la présence de l'animateur de la maison au profil très difficile à trouver.

Au loyer de 512 euros/mois s'ajoutent 220 euros de courses communes, 65 euros d'intermédiation (contractualisation aux mobiliers et appareils à investir) plus le coût des aides à domicile mutualisées autour de 800 euros en moyenne (qui dépendent des revenus des habitants et donc de leur reste à charge pour l'Apa notamment).

Sachant que la colocation ne peut pas tenir si la situation de santé dégénère avec des troubles sévères du comportement liés à certaines pathologies, constate aussi Bernadette Paul-Cornu.

Approches non médicamenteuses, présence professionnelle 24 heures sur 24, ces colocations exigent un niveau de professionnalisme constant, comme pour tout établissement ou service accompagnant des situations de vulnérabilité complexe.

Autres expériences

La plateforme en ligne "Ma Boussole Aidant" organise ce 16 novembre à 13h30 un webinaire sur les colocations seniors et Alzheimer : pour s'inscrire c'est ici.

Découvrez aussi l'ouvrage de recherche de Leroy Merlin Source "Apprendre à habiter"

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