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Aidant au quotidien

« Je suis la seule à m'occuper de ma mère ! » : conseil pour impliquer le reste de la famille

Temps de lecture 3 min

3 commentaires

Une chronique de Claudine Badey-Rodriguez

La mère de Mme L. est entrée récemment en maison de retraite. Mme L. est visiblement épuisée. Elle a attendu l’extrême limite pour prendre la décision de « placement » de sa mère. Elle se plaint d’être quasiment la seule à s’occuper de sa mère alors qu’elle a un frère et une sœur. De surcroît, elle est la principale cible des critiques et de l’agressivité de sa mère. Situation somme toute plutôt classique… Eclairage.

Lorsqu’un parent commence à avoir besoin d’aide pour certains aspects de la vie quotidienne, c’est souvent subrepticement que s’installe le rôle principal, parfois même exclusif, de l’un des enfants de la fratrie.


Un scénario assez fréquent se produit dans les familles. Au début, l’un des enfants commence à faire les quelques tâches nécessaires pour aider ses parents quand ils n’ont pas encore besoin d’un soutien important. Les parents devenant plus dépendants, le besoin d’aide s’accroît.

« Naturellement », c’est l’enfant qui a commencé à assurer l’aide qui accroît sa charge de travail, même s’il commence à s’en plaindre dans son coin. C’est généralement à l’une des filles ou des belles-filles qu’incombe cette responsabilité.


La pression sociale est forte pour qu’il en soit ainsi. Les répartitions peuvent aussi se faire sur des critères tels que : « C’est toi qui t’en charges parce que tu habites le plus près, tu travailles à mi-temps, tu es infirmière… »

Mais les raisons sous-jacentes de ces choix sont souvent obscures ! S’occuper de ses parents vieillissants renvoie chacun à ses valeurs d’adulte et à sa propre histoire.

Il est également assez fréquent que l’enfant qui s’occupe le plus de son parent soit le destinataire privilégié de l’agressivité du parent. Est-ce parce qu’il est plus proche et que le parent s’autorise à exprimer davantage sa souffrance de cette manière ? Est-ce parce qu’il est le témoin principal des difficultés et de la dépendance de son parent qui a du mal à accepter de se montrer « défaillant » aux yeux de sa fille ou de son fils qui l’aide ? La situation de celui ou celle que l’on appelle parfois l’ « enfant désigné » n’est jamais facile.

Conseils pour mobiliser le reste de la famille

Pour éviter le plus possible les problèmes, un conseil de famille entre frères et sœurs serait souhaitable dès que l’on sent que son parent commence à avoir besoin d’aide, risque de devenir plus dépendant.

Cette concertation ne règlera pas forcément toutes les tensions, mais il aura au moins le mérite de prendre acte de la position de chacun. Les charges pourront ainsi être réparties, si ce n’est équitablement, au moins de façon claire.

L’objectif est d’aboutir à un compromis satisfaisant pour les enfants comme pour les parents.

Il ne s’agit pas de s’accabler mutuellement de critiques et de braquer l’un ou l’autre. Vous êtes aux premières loges pour vous occuper de votre parent ? Faites part de votre fatigue, de votre difficulté à tout assumer et demandez de l’aide, au lieu de culpabiliser les autres en maugréant : « Je fais tout, vous ne faites rien », même si c’est vrai… Ils répondront sans doute plus facilement à cet appel à l’aide qu’à des reproches.

L’important n’est pas de régler vos comptes, mais de trouver ensemble des solutions pour aider votre parent et pour vous soulager…

Trouver une oreille attentive auprès d’un proche ou d’un professionnel pour exprimer toutes les émotions complexes qui émergent souvent à cette étape de la vie de ses parents est aussi éminemment souhaitable.

Malheureusement, en dehors de quelques associations, les lieux d’écoute des aidants sont souvent inexistants (NDLR : les aidants peuvent aussi solliciter les plateformes de répit). Cette possibilité devrait être offerte à tout proche aidant un parent vieillissant en situation de fragilité ou de perte d’autonomie.

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Claudine Badey-Rodriguez, psychologue est auteur de La vie en maison de retraite et Quand le caractère devient difficile avec l’âge

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Hospitalier gineau

Je m'occupe de ma mère depuis bientôt 4 ans. Elle a 96 ans révolus, les 3 fois que ma sœur est venue me seconder, ça s'est terminé en jus de boudin.
J'ai une pathologie lourde, la maladie de Crohn, et à mon stable, après 4 résections intestinales, ma santé ne s'améliore pas et je vois arriver dans un avenir très proche une cinquième. Suivie d'une poche, difficile à vivre.
Ma sœur vit dans l'Hexagone, il a toujours été convenu de garder ma mère chacune 6 mois par an, il n'en est rien.
J'habite la Martinique, même soutenu par mon époux je suis au bout du rouleau.
Que me conseillez-vous ???
Merci 🙏 pour la réponse et aussi le soutien.
Cordialement,
Marcelle GINEAU

Raphaëlle Murignieux

Bonjour, la situation semble difficile... Avez-vous des aides (Allocation personnalisée d'autonomie, aide à domicile) pour votre mère ? Un déménagement en lieu de vie collectif est-il envisageable ? Comment votre sœur justifie son non-accueil de votre mère ? Bon courage

Loucou

C'est difficile cette situation ,surtout en Afrique ou les moyens sont pas réunis . Pour ma part c'est pas normal qu'une seule personne s'occupe d'un parent malade si il/elle a des frères et sœurs

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