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Connaître vos droits

Grand âge, aidants : les tops et les flops de 2023

Auteur Raphaëlle Murignieux

Temps de lecture 6 min

Date de publication 02/01/2024

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Après une année 2022 marquée par une succession de crises, force est de constater que la suivante s’achève en demi-teinte. Retour sur les tops et les flops de l’année écoulée.

Les tops

Une loi, enfin ?

Si tout le monde l’espérait, beaucoup n’y croyaient plus. La réforme du grand âge, annoncée depuis 2018 et sans cesse repoussée, devrait finalement voir le jour en 2024.

D’abord via la proposition de loi parlementaire "Bâtir la société du bien vieillir", initialement assez maigre, mais étoffée peu à peu grâce aux travaux de Laurent Frémont du collectif Tenir la main sur le droit de visite inconditionnel en Ehpad, ou encore aux conclusions des états généraux de la maltraitance, qui ont mobilisé professionnels, associations et collectifs au printemps.

Ensuite, grâce à une stratégie interministérielle ambitieuse dévoilée par la ministre des Solidarités et des Familles, Aurore Bergé, en novembre. Rassemblant une vingtaine de ministres, cette feuille de route a pour ambition de prendre en compte de nouveaux besoins et reconnaître la place des seniors ; de donner le choix de vieillir où l’on souhaite ; d’accompagner les solidarités entre générations et de garantir les droits et la participation des citoyens âgés.

Elle sera assortie d’une loi de programmation du grand âge, détaillant les objectifs à atteindre, leur calendrier et les moyens associés.

De quoi redonner confiance aux Français, envers les Ehpad notamment ? En 2023 encore, des scandales font régulièrement la Une : information judiciaire à l’encontre de deux ex dirigeants d’Orpea en juin, procès de l’Ehpad illégal de Dordives (45), enquête de 60 millions de consommateurs sur les « repas au rabais » servis dans certains établissements… Et plus récemment, le témoignage et la plainte de Sandrine Bonnaire contre l’Ehpad où vivait sa mère.

Rien pour les vieux sans les vieux

Toujours plus mobilisés : en 2023, les vieux ont décidé de prendre les choses en mains, d’exercer pleinement leur rôle de citoyens, de lutter pour les causes qui leur sont chères.

En juin pour le mois des fiertés, en novembre pour la première édition du contre salon des vieilles et des vieux, un véritable succès qui rassemble près de 2000 participants à Paris.

Mais aussi tout au long de l’année, en participant aux rencontres-débats organisées par l’association Citoyennage, qui donne la parole aux habitants des Ehpad et aux personnes accompagnées à domicile, en candidatant au comité d’usagers seniors lancé par la Ville de Paris, ou en s’impliquant dans les conseils de la vie sociale des Ehpad.

Une nouvelle stratégie pour les aidants

Les études se suivent et se ressemblent : les aidants sont de plus en plus nombreux, et ont besoin de soutien pour articuler leurs temps de vie, de moments de répit.

Un accompagnement qui reste nécessaire même après, souligne l’association Avec nos proches. En 2023, associations, plateformes de répit, et même des Ehpad continuent de se mobiliser pour soutenir les aidants, des « inactifs » qui jouent un rôle clef dans notre société, souligne une étude parue en septembre.

En octobre, à l’occasion de la journée nationale des aidants, au tour de la ministre Aurore Bergé de présenter sa stratégie pour les aidants.

Au programme, la création de 6 000 nouvelles places de répit, pour atteindre 40 000 places d’ici à 2027, dans le but de garantir 15 jours de répit par aidant par an ; la signature d’une charte d’engagement avec les grandes entreprises pour les parents-aidants ; la création d’un guichet unique pour les aidants dans chaque département : et un congé de proche aidant qui devient « rechargeable », et pourrait aussi être prochainement ouvert à plus d’aidants.

L’autre avancée de l’année, c’est l’instauration de l’assurance vieillesse des aidants, une version élargie de l’assurance vieillesse du parent au foyer entrée en vigueur le 1er septembre.

Les flops

Un système de santé de plus en plus dégradé…

En 2023, la tendance se poursuit. Le système de santé, mis à mal depuis une vingtaine d’années, a vu sa dégradation amplifiée par la crise sanitaire.

Avec des conséquences dramatiques : une étude rendue publique en juillet montre ainsi que les personnes fragiles qui passent une nuit sur un brancard aux urgences meurent deux fois plus que les autres.

Dans les déserts médicaux, qui concernent désormais environ 20 millions de personnes, soit 30 % de la population, des médicobus se déploient pour aller à la rencontre des Français éloignés des soins. Ils devraient être une centaine fin 2024.

Face à cette situation qui se détériore de jour en jour, les bonnes habitudes, la prévention revêtent une importance accrue. Pour aider les 60 ans et plus à prendre soin d’eux, à surveiller les fonctions clefs du bien vieillir, le programme Icope continue de se déployer, en Occitanie ou dans les Pays de la Loire notamment.

D’autant que les Français — ou plutôt les Françaises — vivent de plus en plus vieux : en 2023, le pays compte plus de 30 000 centenaires.

… et des établissements et services médicaux sociaux au bord de la rupture

Ces déserts médicaux qui s’étendent peu à peu se doublent désormais de déserts du médicosocial. Certains territoires manquent d’établissements d’accueil pour personnes âgées, d’autres de services d’aide à domicile, qui tous manquent de professionnels pour faire face aux plans d'aides.

Sans compter que les structures qui accompagnent les personnes âgées sont aussi au bord de l’asphyxie. Étouffées par l’inflation, fragilisées par des problèmes de recrutement aggravés depuis la crise sanitaire.

En octobre, la Fnadepa (fédération nationale des associations de directeurs pour personnes âgées) mobilisait plus de 19 000 personnes derrière le mot d’ordre « les vieux méritent mieux ».

Car les professionnels de l’aide et de l’accompagnement sont inquiets eux aussi et invitent les Français à écrire à la ministre Aurore Bergé.

Une future loi fin de vie” qui divise

Le calendrier a du mal à passer. Alors que la réforme du grand âge est repoussée d’année en année – même si les travaux semblent s’accélérer sous la houlette de la nouvelle ministre Aurore Bergé –, la réforme de droits en fin de vie, instaurant une forme d’aide active à mourir, semble compter parmi les priorités d’Emmanuel Macron.

Lorsque la convention citoyenne lui remet son rapport en avril, le président annonce un texte pour l’été. Texte qui sera finalement repoussé à début 2024.

Les travaux des 185 citoyens mobilisés lors de la convention ont abouti à 65 propositions, dont un renforcement des soins palliatifs, notoirement insuffisants en France au regard des besoins.

Une enquête des Petits frères des pauvres montre aussi une grande méconnaissance des droits liés à la fin de vie, malgré des initiatives pour les démocratiser, comme les podcasts proposés par le Centre national fin de vie – soins palliatifs ou le guide réalisé par les résidents et les professionnels de trois pensions de famille de Grenoble.

Et beaucoup de professionnels de soin, de l’accompagnement rejettent l’idée de donner la mort, et préfèrent l’accompagnement jusqu’au bout plutôt que la banalisation du droit de l'aide médicale à mourir.

Que contiendra la loi fin de vie ? La loi de programmation grand âge sera-t-elle à la hauteur des enjeux ? Le monde de l'accompagnement du grand âge fera-t-il enfin sa révolution ? Quelles que soient les réponses à ces questions, la rédaction d'agevillage.com reste à l'affût, et vous donne rendez-vous tous les lundis soir de cette nouvelle année.

A vos côtés !

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